Sans frontière. Aujourd’hui je règle mes comptes.
Petite fleur et moi allons chaque jour à la crèche. Ce n’est pas une crèche comme il en existe en France. En fait, on appelle cela un « toddler group » c’est-à-dire un lieu où les enfants peuvent venir jouer sous la surveillance de leurs parents (mais je devrais plutôt écrire « de leur maman ») et ceci quelques heures par jour.
Avant trois ans, point de structure d’accueil de niveau international (c'est-à-dire garde ou enseignement en langue anglaise exclusivement) sur Pattaya. Donc, nous nous accommodons de cette solution, même si je pense qu’elle ne favorise pas l’indépendance et l’autonomie de nos chères têtes blondes.
Enfin, ce toddler groupe, pour Violette et moi, c’est notre quotidien et finalement on aime bien. Dans une joyeuse cacophonie, les petits jouent, se tapent dessus, se piquent leurs jouets (rien de bien nouveau en somme) tandis que les mamans piaillent et boivent du thé…la belle vie, quoi!
En aparté, j’en imagine déjà certains qui piaffent de plaisir à lire cette dernière phrase, preuve par a+b que franchement « la vie de femme expat’ c’est pas bien compliqué » et qu’ils avaient bien raison de me demander ce que « je fais de mes journées ? » et si « je ne m’ennuie pas trop ?».
Mais je m’égare.
Non, si aujourd’hui je vous parle du toddler groupe, c’est parce qu’il y a, là-bas, une maman un peu difficile. Pas de chance pour moi, sa fille, « J »., et Violette ont une semaine d’écart, autant dire le même âge. Et, Madame K., il faut toujours qu’elle en rajoute en commentaires divers et variés.
Si ce n’est pas le lait ou les yaourts manifestement trop sucrés « ah, tu donnes ça à ta fille », c’est l’éducation ou les soins qui ne vont pas : « tu devrais surveiller Violette», « sa couche est pleine », etc…
Hier encore, nos deux filles dessinent côte à côtes. Petite fleur en est encore au stade de l’infâme gribouillis tandis que, J. sait déjà dessiner des jolis ronds sur ordre de sa maman. Et Madame K. qui en remet une couche, « mais tu sais Audrey, J est en retard, ma première fille à 1 an savait déjà très bien dessiner ». Là, je marmonne vaguement à Madame K que « chaque enfant est différent » (sous entendu ma fille n’est pas très très en retard sur tes deux filles, elle est simplement différente) mais j’avoue qu’à cet instant, ma confiance de maman qui tente de bien s’occuper de son enfant est en train de se réduire comme peau de chagrin.
Pourtant, Madame K., je fais tout pour l’éviter, mais il faut quand même qu’elle vienne me parler. Bien sûr, j’ai bien envie de remettre cette rabat-joie à sa place, mais elle est Thaïlandaise donc pas d’attaque frontale permise.
Moralité, la bêtise n’a pas de nationalité, d’âge ni de classe. Croire qu’en allant ailleurs on échappe à ce que l’on a chez soit, ou inversement, est une grossière erreur. Ailleurs ce n’est pas différent. Il existe des traits de caractère propre à l’humanité entière. Et, plus je vis à l’étranger, plus cette vérité m’apparaît prégnante.